• Light&Darkness

     

    Light&Darkness

     

    Genres : Science-fiction/Romance

    Statut : En cours de réécriture

     

    Résumé

     

    Rebirth et Forsaken sont deux mondes totalement opposés.

    Rebirth est une toute nouvelle ville, construite suite à la guerre qui a rendu notre planète inhabitable,

    protégée par un dôme invisible qui ne cesse de s’agrandir et de s’améliorer.

    Les habitants vivent paisiblement parmi les gratte-ciels reflétant la lumière du soleil, ne se souciant pas de ce qu’il peut bien se passer sous leurs pieds.

    Forsaken est une ville construite sous terre, ayant servi aux Hommes à se protéger pendant cette guerre.

    Les personnes y vivant, pauvres et criminels, vivent dans des taudis rafistolés et se battent pour survivre.

    Crescent doit sauver son frère. Pour cela, il doit se rendre à Rebirth afin de trouver les médicaments qui pourront le soigner.

    Luziana termine sa dernière année scolaire, avant d’entrer en apprentissage pour son futur emploi.

    Leur rencontre changera leur vie, et celles de bien d'autres personnes...

     

    Petit sommaire pour vous faciliter la vie !

     

    Avant de commencer...

    Chapitre I - Chapitre II - Chapitre III

    Chapitre IV - Chapitre V - Chapitre VI

     

    Yumi M. ©

     

  • Avant de commencer...

     

    Salutations !

     

       Enfin, je poste de nouveau sur le blog ! Alléluia ! Cela fait beauuuucoup trop longtemps que la réécriture traîne... ou c'est le temps qui passe trop vite (pour moi). Enfin, pour ceux qui n'ont jamais lu cette histoire avant, c'est-à-dire tout le monde ... ? Hé bien, je vais vous parler un petit peu, je vais répéter les choses que j'ai déjà dites avant...

     

       "Light&Darkness" est une histoire qui me trotte dans la tête depuis un long moment déjà. À la base, elle devait être une toute petite histoire. Mais j'ai tellement attendu, qu'au final j'ai décidé d'en faire une histoire beaucoup plus longue (mon cerveau a trop réfléchi ^^). Maintenant, j'hésite entre plusieurs fins possibles... On verra bien ! :) Je sais bien que, d'après le résumé (le fait que deux héros venant de deux mondes totalement opposés se rencontrent), l'histoire semble plutôt banale, mais j'espère tout de même qu'elle vous plaira et que je saurais y apporter ma petite originalité.

     

       Si elle vous plait, j'espère que vous prendrez le temps de me le faire savoir et j'aimerais vraiment que vous me disiez ce que vous en pensez (ce qui vous plait, ce que vous n'aimez pas), et je tâcherai de vous répondre et d'améliorer tous mes petits (ou gros) défauts concernant mon écriture. "Light&Darkness" est une histoire que je souhaite plutôt réaliste. Je veux que tout soit bien cohérents, c'est pourquoi il y a eu une réécriture, je n'étais pas du tout satisfaite de ce que j'avais écrit ! Par conséquent, j'espère que les chapitres réécrits seront bien mieux que les originaux (et si vous ne les avez pas lu, tant mieux ! ^^')

     

       Cette histoire est aussi la première que j'écris depuis longtemps. Mon niveau n'est pas exceptionnel, mais j'espère qu'il s'améliorera rapidement. Vous pouvez voir l'avancée de l'écriture dans la colonne de gauche, j'essayerais de vous donner une date pour la sortie des chapitres ! Sur ce, je vous souhaite une très bonne lecture et je vous laisse attaquer le premier chapitre !

     

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    Yumi M. ©

     


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  • Chapitre 1

     

    « Je te sauverai, je te le promets. »

     

    • Crescent •

     

    Forsaken

    Jeudi17h28

     

       Je ferme les yeux en sentant cette légère chaleur sur ma peau. C’est le seul endroit – à ma connaissance – où l’on peut voir ce mince rayon de soleil passer à travers les tôles qui nous servent de ciel. Le reste est éclairé par de vieux néons, qui commencent pour la plupart à nous lâcher, accrochés au plafond. Je reste assis encore quelques instants puis je me laisse tomber en arrière, m’allongeant sur mon banc. Il s’est enfin calmé... Comme il avait l’air de vraiment bien dormir, j’en ai profité pour sortir un peu et venir ici, dans « mon petit coin ». J’avais besoin de m’éloigner un peu de la maison, de prendre un peu l’air – enfin, c’est plutôt une expression pour ceux qui vivent là-haut – et d’être au calme. Heureusement pour moi, ça devrait être le cas étant donné que l’endroit où je me trouve n’est clairement pas recommandé : c’est un lieu assez reculé de la ville, peu de personnes passent dans les environs. Il faut traverser de nombreuses rues étroites, monter des dizaines d’escaliers tous en plus mauvais états les uns que les autres, passer près de quartiers pas vraiment fréquentables – et donc, risquer de croiser de véritables ordures – et enfin s’éloigner un peu du chemin, marcher dans la terre et trouver ce petit renfoncement. On peut facilement passer à côté sans le remarquer, il se trouve derrière un vieux bâtiment abandonné et est peu éclairé. J’ai pris l’habitude de venir ici, lorsque j’en ai marre de tout et que je veux être au calme… J’aime m’installer sur un banc, placé au fond de cette petite niche, entouré de deux gros poteaux métalliques maintenant notre ciel de fer. Je suppose qu’on a voulu créer un petit parc à une époque, mais ils ont visiblement renoncé à cette idée.  La plupart des projets ont été abandonnés ici, de toute manière… Je soupire. Je suis vraiment crevé, ça doit faire plusieurs jours que je n’ai pas pu dormir une nuit entière sans qu’il me réveille… ou bien c’est moi qui n’arrive pas à fermer l’œil à cause de l’inquiétude… Je ne pense qu’à ça, qu’à lui. Je dois trouver une solution, je ne peux pas le laisser dans cet état… Mais comment ? J’ai l’impression d’être bloqué, -complètement coincé à cause de ça… C’est en me torturant l’esprit que je finis par tomber dans les bras de Morphée.

     

       Je me réveille en sursaut en entendant quelqu’un crier. La voix m’est familière. Je tourne la tête légèrement vers ma gauche et j'aperçois la silhouette d’un homme à plusieurs mètres de moi : Jared. Il s’avance un peu et je le distingue un peu mieux. Je remarque son air paniqué et je me réveille instantanément. Je me lève brusquement et il court vers moi.

    « — Ça recommence ! » lance-t-il, essoufflé.

    Merde ! Je le bouscule et je cours pour le rejoindre au plus vite. Sur le trajet, je manque plusieurs fois de tomber à cause des dalles cassées, ou de foncer dans des personnes qui apparaissent dans mon champ de vision au dernier moment – et qui ne manque pas l'occasion de me faire comprendre leur mécontentement avec de gentils mots doux. Je continue de zigzaguer dans les petites rues et j’aperçois enfin la maison. Le retour m’a semblé interminable. J’ouvre la porte d'entrée grinçante à la volée et je monte les escaliers en sautant des marches. Je l’entends dire mon nom. Je pousse la porte de la chambre entrouverte et je me jette presque au sol, près de lui. Ses yeux sont fermés, le visage déformé par la douleur et les pleurs. Ses cheveux sont trempés de sueur et je peux voir une goutte couler lentement de son front. Il pousse de nouveau un gémissement. Je pose ma main sur son front : il est toujours aussi brûlant. Je m’empresse de prendre un tissu, trempant dans une bassine près de lui, je l’essore et humidifie son visage. Après quelques secondes, il semble enfin s’apaiser. Il tourne la tête doucement vers moi, ouvrant légèrement ses yeux bleus, remplis de larmes. Ma main toujours posée sur son front, je lui fais un sourire forcé pour tenter de le rassurer, mais il n'y répond pas... Il n'y répond plus.

     

       Eliezer est mon petit frère. Il me ressemble beaucoup physiquement. Les mêmes cheveux noirs, le visage fin, un teint pâle – qui est en fait plutôt courant ici, le soleil étant absent. La seule différence, c’est notre regard. Eli a de grands yeux lumineux, d’un bleu clair qu’il tient de notre mère, des yeux qui sont habituellement pleins de vie. Moi, j’ai hérité du regard de mon père. Plus fin, en amande et d’un bleu beaucoup plus sombre qu’on pourrait penser qu’ils sont noirs. Il n’a que 14 ans, mais malgré nos six ans d’écart, nous nous entendons à merveille. Depuis tout petit, j’ai toujours ressenti le besoin de le protéger. J’ai toujours veillé à ce que personne ne lui fasse de mal, qu’il ait tout ce dont il a besoin. Après la mort de nos parents, ce sentiment est devenu encore plus fort. Sûrement parce que nous nous sommes retrouvés seuls, il n’a plus que moi pour prendre soin de lui – enfin, Jared est là aussi, mais ce n’est pas pareil... Et puis son air chétif n’aide pas. Je retire doucement ma main de son visage, car il semble s’être assoupi de nouveau. Cela fait maintenant plus d’une semaine qu’il est tombé malade. La maladie s’est rapidement développée et elle ne fait qu’empirer de jour en jour. Ce n’est pas la première fois que ça lui arrive, ça passe toujours au bout de deux voire trois jours. Mais cette fois-ci, ce n’est pas seulement un petit rhume. Il est passé d’un simple mal de tête et d’une légère fatigue, à un besoin de dormir constant, une perte d’appétit total et une très grosse fièvre. Sa respiration est devenue aussi plus difficile. Entendre ses quintes de toux la nuit est une véritable torture.

     

       Je me laisse tomber dans le vieux canapé du salon, qui craque sous mon poids. Je fixe le mur en mauvais état face à moi. J'entends Jared descendre les escaliers, mais je ne tourne pas la tête vers lui. Je l’entends soupirer et s’approcher de moi.

    « — Crescent... »

    Je tourne ma tête vers lui. Il me fixe de ses yeux noisette. Jared a toujours été là, d'aussi loin que je me souvienne. On a grandi ensemble. 

    « — Tu es sûr de ne pas vouloir demander de l’aide à quelqu’un ? il s’approche et se laisse également tomber dans le canapé. On m’a parlé d’un docteur, apparemment, il habite de l’autre côté de la ville... Bon, ça fait une petite trotte, mais ça me dérange pas d’aller le chercher. »

    Je sais, on m’a parlé de lui aussi. Mais est-ce que c’est vraiment un docteur ?

       — Et s’il ne sait rien faire, ce gars ? je lâche en continuant de fixer mon mur. J’ai pas envie de laisser n’importe qui s’occuper d’Eli.

       — Moi non plus, Cres’, mais là on fait rien du tout et la situation empire. »

    Je passe ma main dans mes cheveux et je souffle un grand coup. C'est pas dans mes habitudes de faire confiance aux gens, c'est beaucoup trop dangereux ici. Mais... je n'ai pas vraiment le choix. Je dois prendre ce risque pour mon frère. Je me tourne vers mon ami. Il me fixe, ses cheveux bruns trop longs tombant devant ses yeux. Je me rends compte à quel point il a maigri ses derniers temps, son visage s'est aminci. Et les poches sous ses yeux montrent que je ne suis pas le seul qui n'arrive pas à fermer l’œil de la nuit. Il est tout aussi inquiet que moi et n'attends qu'une chose.

    « — Ok... Je reste ici, va le chercher. »

    Pas besoin de le dire deux fois, mon ami se lève immédiatement du canapé et se dirige rapidement vers la porte. Dos à celle-ci, je l'entends s'ouvrir.

     « — Hé Crescent, il dort, profites-en pour te reposer un peu aussi. T'es vraiment à cran.

    — Je vais essayer. »

    J'entends de nouveau un crissement puis un claquement. Il est parti. Je me dirige vers l'escalier, puis m'arrête. Je ne vais pas risquer de monter les escaliers et le réveiller. Je fais donc demi-tour pour rejoindre le sofa et m'y allonge, fixant le plafond. Je ferme les yeux même si je sais que je n'arriverai pas à m'endormir.

     

       Je fais les cent pas dans le taudis qui nous sert de salon en attendant que Jared revienne. Je m’arrête de temps en temps et souffle sur la poussière qui s’est déposé sur le peu de meubles que nous avons. Depuis que nos parents ne sont plus là, je dois avouer que j’ai négligé la maison. Elle commence sérieusement à partir en ruine et devient presque dangereuse. Alors que je devrais en prendre soin, ayant la chance d'avoir un logement relativement grand et correct par rapport à d'autres personnes... Nous avons une pièce principale assez spacieuse  – faisant office de salon et cuisine – et une petite salle d'eau rudimentaire. À l'étage, il y a deux chambres, mais nous n'en utilisons qu'une. Jared reste ici la plupart du temps et squatte sur le canapé, bien que je lui propose la seconde chambre à chaque fois. Notre maison n’a rien de spécial, mais nous y tenons Eli et moi. Elle appartenait à nos parents et c’est la nôtre désormais... Je m'avance vers une vieille console sur laquelle se trouve un miroir fissuré et poussiéreux. Je l'essuie et je vois mon visage fatigué apparaître au fur et à mesure. Je secoue la tête, je préfère faire demi-tour pour éviter de voir mes horribles cernes… Je jette un rapide coup d’œil à l’état du salon... Si seulement c'était simple de trouver des matériaux pour la rénover... J'essayerai de me renseigner, Jared connaît peut-être quelqu'un qui aurait ça... Enfin, pas avant qu'Eliezer aille mieux, je suis sûr qu'il serait ravi de faire ces travaux avec moi. Après des dizaines et des dizaines d’aller-retour dans le séjour, l'horrible crissement de la porte d’entrée me sort de mes pensées. Je vois mon meilleur ami passer la porte, suivi d'un homme assez âgé. Il s'arrête devant la porte et me salut de la tête. Je lui réponds et je ne peux m'empêcher de le regarder de haut en bas. L'homme est brun, les cheveux courts et grisonnants. Il est un peu plus petit que Jared et un peu grassouillet. Il porte une vieille chemise rayée bleu et blanche, un jean ayant connu de meilleurs jours et tient une petite sacoche. Après quelques secondes de silence, mon ami l'invite à avancer un peu et referme la porte derrière lui.

    « — Cres', je te présente Harry. » me dit Jared. 

    L'homme s'avance vers moi, en tendant sa main. J'attends un certain temps avant de me décider à la lui serrer. Je vais essayer d'être poli, si je dois confier la vie de mon frère à cet inconnu.

    « — Enchanté, dis-je.

       — De même, il me fait un sourire, appelez-moi Doc. Crescent, c'est ça ? »

       — Oui, c'est ça. »

    Un silence gênant s'installe, jusqu'à ce que Jared se décide à le rompre.

    « — Excusez-le, il n'a pas l'habitude de sociabiliser. » se moque le brun. 

    Je lui lance un regard sévère et lui me sourit.

    « — Il vous a parlé de la situation ? je demande au doc.

       — Rapidement. Où se trouve le petit ?

       — A l'étage, je lui montre l’escalier d'un signe de tête.

       — D'accord, je peux ... ?

       — Oui, bien sûr, vous êtes là pour ça. » lui rappelle mon cher compère.

    Il se dirige vers l'escalier et je lui emboîte le pas. Jared me stoppe immédiatement.

    « — T'inquiète pas, laisse-le faire son boulot. »

    Je pousse un long soupir.

     

       Ça doit bien faire une demi-heure maintenant... Je commence à m'impatienter et je sens que j'agace également Jared, qui est assis dans le canapé. Je m'arrête quelques secondes et je le regarde. Il fixe le sol, les bras croisés sur le torse et tapote du pied, le visage baissé et ses cheveux cachant ses yeux. Je repense à ce qu'il m'a dit plus tôt... Je dois bien avouer que je n'ai pas fait grand-chose jusqu'ici pour Eliezer. Je me sens tellement... dépassé par la situation. Je n'aurais jamais imaginé que ça nous arriverait. Il est fort d'habitude, il se remet toujours de tout. Je suis tellement impuissant face à cette maladie...

    « — Déstresse. » me lâche tout à coup Jared.

    Il a relevé la tête et me regarde.

    « — Il va pas le manger, tu sais. »

    Excuse-moi de m’inquiéter parce qu'un inconnu est seul avec mon petit frère en ce moment. Ça commence vraiment à faire long là, je devrais peut-être aller voir ? Je me dirige vers le canapé afin de m'asseoir lorsque la porte de la chambre s'ouvre, ce qui me stoppe dans mon mouvement. Je me retourne et je vois Harry sortir de la pièce et descendre les escaliers. Jared se relève brusquement.

    « — Alors ? » demande-t-il.

    Il nous fait signe de nous asseoir, s'éloigne un peu pour prendre une chaise qui se trouvait dans un coin de la pièce et revient vers nous.

    « — Je pense qu'il a attrapé une grosse grippe, il est très fiévreux... Il lui faut à tout prix des médicaments, sinon il ne s'en sortira pas... il marque une pause puis me regarde, mais il y a un problème...

       — Comment ça, un problème ? j'élève la voix sans m'en rendre compte à cause de linquiétude, mais le brun me fait signe de me calmer.

       — Vous n'avez pas ce qu'il faut pour lui, doc ? demande-t-il.

       — Mes stocks de médicaments sont vides depuis plusieurs mois... On ne nous rationne plus maintenant, ça devient de pire en pire... »

    Le vieux soupire. Je me prends la tête dans les mains. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire ?

     

       Je suis appuyé contre la porte de la chambre. Je me sens vide depuis l'annonce du docteur. Jared est devant la maison, encore en train de discuter avec lui. Je me décide à entrer dans la chambre et je m'assois près d'Eliezer. Il s'est endormi. Au moins il n'éprouve plus de douleur, pour l'instant. Je touche son visage brûlant. Mon petit frère est la seule famille qu'il me reste. Mes parents ont été tués lorsque nous étions plus jeunes, à cause d'un stupide conflit avec des gens pas très fréquentable. La vie à Forsaken est dure, il n'y a pas de loi ici. Enfin, il y en a, mais les personnes qui essayent de les faire respecter sont trop peu nombreuses et sont moins fortes que les criminels. C'est donc ces derniers qui ont pris le contrôle d'une grande partie de la ville. Les dirigeants de la ville « d'en-haut », Rebirth, avaient décidé de construire une prison à Forsaken, histoire de se débarrasser de leurs truands. Sauf qu'ils ne l'ont jamais achevé, mais ils n'ont pas arrêté de nous les envoyer pour autant... Étant plus forts et assez nombreux maintenant, ils en profitent pour torturer psychologiquement et même physiquement les plus faibles… C'est ce qui est arrivé à mes parents. On est seul pour se protéger, nous et nos proches. C'est la mère de Jared qui nous a recueillis, elle s'est occupée de nous, jusqu'à succomber à une foutue maladie... Je ne veux pas qu'il arrive la même chose à Eli. Je ne le supporterai pas et Jared non plus je pense... Je sursaute lorsque j'entends la porte s'ouvrir. Mon meilleur ami entre, me regarde et s'avance vers moi. Il pose sa main sur mon épaule.

    « — J'ai parlé avec le doc. Il connaît peut-être quelqu'un qui peut nous aider... » souffle-t-il.

    Je me retourne vers lui.

    « — Je sais que tu n'aimes pas demander de l'aide à des inconnus, mais...

       — Jared, dis-je d'un air sévère.

       — Attends ! s'exclame-t-il. C'est notre seule chance, Crescent.

       — Tu me demandes vraiment beaucoup d'effort aujourd'hui... je soupire.

       — Je sais, mais c'est pour Eli. On sait pas quoi faire pour l'aider et le seul qui semble avoir une solution, c'est Harry.

       — Vous pouvez... discuter ailleurs ? » souffle une voix faiblarde.

    Super, on a réveillé Eliezer. On se rapproche tous les deux de lui. Il nous regarde, les yeux humides. Je m'assois sur le bord du lit et Jared reste un peu en retrait. On reste comme ça quelques instants puis Eli se décide à parler.

    « — On a parlé… avec le docteur. C'est grave cette fois, hein ? »

    Sa voix est faible. J'ai comme l'impression de recevoir un coup de poignard.

    « — Ça va aller.

       — J'ai mal Cres', je veux que ça s'arrête. »

    Il ferme les yeux et respire difficilement.

    « — Fais quelque chose… J't'en supplie. »

    Sa voix se brise. Je le prends doucement dans mes bras, pour ne pas lui faire mal. Un silence s'installe dans la pièce. J'entends Jared partir discrètement de la chambre. Eli passe doucement sa main autour de ma taille et me sert avec le peu de force qui lui reste.

    « — Je te sauverai, je te le promets. » lui dis-je en lui caressant les cheveux.

     

    Forsaken

    Vendredi – 7h12

     

       La nuit fut courte. La veille, j'ai dit à Jared que nous allions voir le doc. D'après lui, il connaît quelqu'un qui pourrait nous aider à trouver des médicaments, il doit nous en dire plus aujourd'hui. J'ai attendu qu'Eliezer s'endorme avant de le rejoindre, assis sur les marches devant la maison.

    « — T'es prêt ? » me demande-t-il.

    J'hoche la tête. Je n'y vais pas de gaieté de cœur, mais je n'ai pas vraiment le choix. Comme mon ami l'a dit, c'est notre seule chance d'aider mon frère. Sinon... Je secoue la tête. Et puis, ayant rencontré rapidement Harry hier, il semble être une personne de confiance... Alors, allons-y. Je suis sans réfléchir le brun à travers les rues de Forsaken. Il m'a dit hier que le doc vit de l'autre côté de la ville. Nous passons par les rues de notre quartier, que nous connaissons par cœur. Jared salut quelques personnes. Pour mon plus grand malheur, mon meilleur ami est une personne extrêmement sociable. Il est du genre à aller vers les gens, les aider, s'interposer lorsqu'il y a des conflits – et moi, je dois donc m'interposer aussi parfois, pour le protéger... Il est gentil et naïf, et ce sont justement les deux traits de caractères à ne pas avoir lorsque l'on vit à Forsaken. J'aimerais qu'il se méfie un peu plus, car je ne serai pas toujours dans le coin pour le sortir d'une situation difficile... j'ai peur que ça ne finisse mal un jour et je ne pourrais rien faire. Après quelques minutes, nous arrivons à la place centrale de la ville. On peut y trouver divers commerces de tous genre, même si les marchants peine à avoir du stock. Il parait qu'à une époque, nous avions tout ce dont nous avions besoin... Mais depuis que Rebirth s'est développée, les dirigeants nous ont laissés tomber... J'ai vraiment l'impression que notre ville est leur décharge... C'est à cause d'eux si Forsaken est devenu ce qu'elle est aujourd'hui... Je soupire de nouveau.  J'attends mon ami quelques instants, car il discute avec un vieil homme, un commerçant. Je croise les bras et j'observe un peu les environs. Il y a du monde sur la place aujourd'hui, des enfants s'amusent près de ce qui était une fontaine à une époque. Plus d'eau n'en surgit depuis bien longtemps, je ne sais même pas si mes parents ont eu la chance de la voir fonctionner. Certains s'amusent à se cacher derrière les grandes colonnes métalliques qui soutiennent notre ciel de fer. Les quatre piliers les plus impressionnants sont ici, sur cette place, autour de la fontaine. Ils sont immenses, c'est à cet endroit que le plafond est le plus haut. Des ampoules ont été installées sur toute leur longueur, ainsi que des guirlandes lumineuses qui passent de piliers en piliers... Eli aime bien cet endroit pour ça. Jared m'interpelle et me sort de mes pensées. Nous reprenons la route. On traverse de nouveau de nombreuses rues, on monte plusieurs fois des escaliers. Je n'ai pas l'habitude de venir ici, on commence vraiment à s'éloigner de la maison. J'ai l'impression que les rues sont de plus en plus étroites. Et plus sales aussi... Il y a des sacs poubelles et des déchets directement jetés au sol un peu partout. Et une odeur… vraiment horrible.

    « — J'imaginais pas vraiment un docteur habiter ici... je finis par dire.

       — On va pas chez Harry, on le rejoins directement chez son ami. » me répond-t-il.

    Les maisons du coin sont de vrais taudis. Elles sont toutes principalement faites de tôles et rafistolés dans tous les sens. Certains n'ont même pas de porte d'entrée... Je plains les gens qui vivent ici... Leurs véritables foyers a dû être détruits avec le temps. Je sais qu'il y a des quartiers en mauvais états, mais je n'ai pas l'habitude d'y mettre les pieds. Je ne me sens pas vraiment à l'aise ici. Je nous trouve un peu trop chanceux, quand je vois notre maison à Eli et moi, c'est un vrai palace par rapport à celles d'ici. Mon ami s'arrête soudainement de marcher, ce qui me sort de ma contemplation. Je m'avance encore un peu pour être à ses côtés et je le regarde.

    « — Je crois que c'est ici.

       — Et comment tu le sais ?

       — Harry m'a dit que c'était la seule maison envahit de déchets électroniques. »

    Je regarde devant moi. Effectivement, il y en a des détritus, on peut pas les louper... Je sais pas, maintenant que je me trouve devant cette... maison ? Ou débris de tôles, je ne sais pas vraiment qualifier cette chose – je pense que c'est la pire du coin, elle ne doit vraiment pas être entretenue. J'ai comme un mauvais pressentiment maintenant. Je me tourne vers Jared, qui m'observe.

    « — On est arrivé, on va pas faire demi-tour maintenant quand même ?

       — Non, mais... »

    Il me regarde d'un air sévère.

    « — C'est bon, je sais, on a pas le choix. »

    Il hoche la tête et commence à avancer vers la porte – le débris a au moins le mérite d'avoir une porte d'entrée. Je lui emboîte le pas. Il frappe puis après quelques secondes, un visage familier nous ouvre : Harry. Il nous adresse un sourire et nous invite à entrer.

     

       Nous pénétrons dans une petite pièce sombre, dans laquelle nous pouvons à peine bouger : elle est totalement encombrée par des tas de vieux objets électroniques : des tours d'ordinateurs, des écrans, des composants, des souris, des claviers… empilés, partout, en morceaux ou entiers, cassés parfois. Et au milieu de la pièce trône une vieille table poussiéreuse sur laquelle sont posés plusieurs moniteurs et un tour qui produit un bruit du tonnerre. Une tête surgit soudain de derrière les écrans.

    « - Mouais, incapable. Il y arrivera pas, il est bon à rien. Ça se voit. »

    Puis elle disparaît de nouveau derrière son mur d'écran et nous entendons quelqu'un taper comme un fou sur ce qui est, je suppose, un clavier. Jared et moi nous retournons vers le doc, surpris. Il soupire et lève les yeux au ciel.

    « — Al, dit-il en s'installant sur un vieux fauteuil dans le coin de la pièce, prends au moins la peine de leur expliquer ton plan. »

       — Perte de temps, marmonne-t-il sans même nous regarder et en continuant de taper sur son clavier à toute vitesse.

       — Al. » dit le doc plus sévèrement.

    Un silence s'installe quelques secondes.

    « — Ok, si t'insistes. »

    Il se lève tout à coup, renverse la chaise sur laquelle il était assis, claque ses mains sur la table et nous fixe. L'homme est grand et sec. Il a des cheveux blancs qui partent dans tous les sens, assez longs, de grosses lunettes rondes qui ressemble plus à des loupes et une barbe mal rasée. Du peu que l'on peut voir de lui – car il est toujours caché derrière ses écrans – on peut voir qu'il porte une chemise blanche, les manches retroussées. Son visage est mince, creusé par les rides. Bref, il a une allure totalement négligée. On dirait vraiment le parfait savant-fou. Je suis un peu abasourdi par la situation, je ne m'attendais pas à ça.

    « — Que voulez-vous savoir, les enfants ? » nous demande-t-il avec un sourire.

    Jared et moi nous regardons d'un air perdu. Il débloque le vieux. Il semble désagréable puis devient poli tout à coup. Voyant que Jared ne sait pas quoi dire, je me décide à parler.

    « — Bah, le plan … ?

       — Ah oui ! s'exclame-t-il, le plan ! »

    Il prend une grande tasse de café qui était posé sur la table, en fait le tour et se plante devant nous. Il me montre du doigt en criant toi, ce qui fait sursauter Jared.

    « — Crescent, c'est ça ?

    Je hoche la tête.

    « — Je vais t'envoyer là-haut. »

    Il nous fixe avec un grand sourire, mais n'en dit pas plus. Le doc semble perdre patience dans son coin et finit par prendre la parole.

    « — Il peut pirater les ordinateurs qui bloquent l'accès à Rebith, une personne pourra donc monter et trouver les médicaments pour sauver le petit.

       — Euh, vous êtes sûr qu'il en ait capable ? demande Jared, inquiet.

       — Mais oui, j'en suis capable ! crie le hacker. Je pirate la base centrale, l'incapable monte l'échelle, il marmonne, qui peut piquer un peu, mais je devrais pouvoir arranger ça… puis il recommence à crier, il n'est pas détecté et voilà ! Paf, bonjour la jolie ville ! »

    Il agite ses mains dans toutes les directions en parlant. Je lance un regard inquiet à mon ami. Est-ce que j'ai déjà dit que je ne la sens pas cette affaire ?

     

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    Yumi M. ©

     


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  • Chapitre 2

     

    Cours d'histoire

     

    • Luziana •

     

    Rebirth

    Vendredi – 17h47

     

       Je regarde par la fenêtre. Les rayons du soleil qui traversent la vitre me réchauffent le visage... c'est agréable. Je peine à rester attentive au discours du professeur avec ce beau temps, j'aimerais tellement me balader dehors, sous ce beau ciel bleu… Je m'imagine dehors sur le chemin de la maison. J'entends déjà les petits oiseaux gazouiller et des rires d'enfants... Allez, encore quelques minutes et nous serons libres. Je soupire en quittant des yeux la vue sur la cour de l'école, pour les poser sur le tableau blanc, sur lequel se trouvent quelques mots gribouillés rapidement par le professeur. Murs blancs, tableau blanc, carrelage blanc et plafond blanc. Serait-ce trop demandé d'avoir un peu de couleur ? Tout est froid dans cette salle, du sol au plafond et je réalise que même monsieur Ortega a été contaminé en posant mes yeux sur lui. Chemise blanche, pantalon grisâtre et cheveux blancs ! Et pour parfaire le tout, sa voix est triste, sans nuances, terne... Quelle monotonie. Comment voulez-vous que je ne regarde pas par la fenêtre ... ? C'est quand même beaucoup plus agréable de voir les arbres, le ciel et les nuages ! Je jette un coup d’œil à la classe, tout le monde semble dans le même état d'esprit que moi, je ne suis pas la seule à en avoir marre d'être ici. Mon regard est attiré par une touffe blonde juste à côté de moi, affalée sur le manuel d'histoire. Je lève les yeux au ciel. Monsieur se permet de faire une petite sieste visiblement ! Je lui donne un coup de coude pour le réveiller. Il se redresse brusquement, paniqué, ce qui me fait pouffer de rire.

    « — Hé, me dit-il, tu m'as fait peur ! »

    Le prof nous lance un regard sévère tout en continuant son cours. Je me force à retrouver un air sérieux, Basile fait de même après avoir soufflé un « désolé ». Puis une fois qu'il nous a oublié et est de nouveau plongé dans son monologue, le blond se retourne vers moi.

    « — Tu es folle, me chuchote-t-il d'un air outré, j'ai failli faire une crise cardiaque !

       — Je ne voulais absolument pas que tu loupes ce merveilleux cours, mon cher Basile.

       — Dis celle qui observe les oiseaux par la fenêtre. »

    Je lui fais une grimace à laquelle il me répond avec la même maturité. Je souris et il s’allonge de nouveau sur son oreiller de fortune. Je pose ma tête dans la paume de ma main et je me décide enfin à écouter le cours pour voir où nous en sommes... et j'ai le regret de constater que malheureusement, nous n'avons pas beaucoup avancé. Il a suffi d'une seule question pour que monsieur Ortega reparte dans son explication préférée : pourquoi nous en sommes arrivés là. Ce n'est pas la première fois de l'année que nous y avons le droit. Il radote... Et si je me permets d'observer les oiseaux par la fenêtre et de ne pas me forcer à écouter la douce et mélodieuse voix de notre enseignant, c’est parce que je connais ce récit par cœur. Plus jeune, curieuse, je posais beaucoup de questions à mes parents, dont celle-ci. Je veux bien que ce sujet soit passionnant, mais il est très connu...

     

       Il y a maintenant plusieurs siècles, nos ancêtres se sont retrouvés dans une situation qu'ils n'ont pas su gérer et qui n'a fait qu'empirer au fil des années : un conflit nucléaire entre les plus grandes puissances mondiales menacées d'exploser et de causer d'énormes dégâts à notre planète. Les dirigeants du monde n'écoutant pas les craintes des habitants de la planète, des organisations et associations, ces derniers décidèrent de construire des abris sous terre afin de se protéger si le pire devait arriver. Ils allèrent même encore plus loin en construisant de véritables villes souterraines. Et ils ont eu raison car cette guerre finie par éclater… et détruisit quasiment tout sur la surface de la Terre. Il y eut de très grandes pertes humaines, mais heureusement, grâce aux personnes qui avaient anticipé les choses, de nombreux Hommes ont eu le temps de se mettre à l'abri. Nous ne pouvions plus vivre à la surface de notre Terre, car la guerre avait complètement pollué notre air, il était – et l'est toujours – totalement irrespirable et dangereux pour nous… Il était urgent de trouver une solution, nous ne pouvions pas vivre pour toujours dans nos abris sous terre. Rapidement, un groupe de personnes s'est mis en place pour trouver des solutions pour réparer les erreurs des gouvernants… Certains avaient déjà pensé à des machines capables de transformer l'air pollué en air sain, ils avaient même déjà des prototypes. C'était une très bonne idée, car c'est grâce à celle-ci que Rebirth existe aujourd'hui. Mais il était bien sûr impossible de filtrer toute l'atmosphère : après de longues années de travail et à l'aide de masques protégeant les poumons de nos travailleurs, nos ancêtres réussirent à rendre une toute petite zone de la planète habitable : ils construisirent « une petite bulle » – le fameux dôme qui nous protège –, dans laquelle les machines recyclaient l'air extérieur – pollué – en air parfaitement respirable. Grâce au dôme, les gens purent remonter les uns après les autres à la surface. Ils ont enfin pu revoir le ciel qu'ils leur avaient tant manqué.

     

       Les années passèrent et le dôme s'agrandit. Au départ, toute la population pouvait remonter pour voir notre ciel et profiter du soleil. Puis une ville fut construite, le siège de notre nouveau gouvernement aussi… Lorsque l'on commença à construire des habitations, l'accès devint plus restreint : n'ayant pas assez de place pour bâtir des logements pour tout le monde, l'État mis en place une taxe pour pouvoir venir s'installer dans notre nouvelle ville. Mais cela ne fut pas très bien accepté par les personnes n'ayant pas les moyens, ils trouvèrent cela injuste – et je dois bien avouer que je les comprends… De nouveaux conflits éclatèrent alors au sein de notre société. Ayant peur de la tension qui ne cessait de grandir entre les habitants de la nouvelle ville et de l'abri souterrain, le gouvernement décida de sceller l'accès entre ces dernières et de surveiller les passages entre les deux villes. Aujourd’hui, notre ville s’est très bien développée, elle est divisée maintenant en plusieurs grands quartiers. La taxe est toujours d’actualité : les habitants de Rebirth, doivent toujours la payer. Elle permet à l’État d’agrandir toujours plus notre ville, de fabriquer de nouvelles machines pour recycler l’air, mais aussi de faire des recherches pour développer notre technologie, notre médecine et enfin une partie permet d’entretenir la ville souterraine, Forsaken. Elle a été réaménagée il y a plusieurs décennies : une partie a été transformé en prison et l’autre abrite toujours des personnes défavorisées. Notre gouvernement leur apporte une aide et espère les faire venir à Rebirth lorsque la ville sera assez grande pour les accueillir.

     

       Mais il y a une grande question que nous nous posons toujours : avant la guerre, nous savions que plusieurs villes souterraines ont été construite dans le monde, mais tout moyen de communication a été détruit à cause de cette dernière. Comment vont les autres Hommes ? Sont-ils toujours en vie, ont-ils eu la même chance que nous ? Ont-ils réussi à se développer comme nous, reconstruire une ville sur Terre ? J'espère que oui. C'est une question que me taraude depuis que je suis toute petite... J'aimerais tellement que nos ingénieurs annoncent un jour avoir trouvé un moyen d'entrer en communication avec eux ! Savoir que quelque part, il y a peut-être une ville similaire à la nôtre... j'ai envie de savoir !

     

       Le cri strident de la sonnerie me sort de ma rêverie. Un énorme brouhaha débute dans la classe, des chaises crissent en glissant sur le sol pendant que les élèves se pressent tous pour sortir. Je rassemble mes affaires tranquillement et les range dans mon sac, voyant que mon meilleur ami semble toujours endormi. Je l'observe quelques secondes, le sourire aux lèvres, puis je le secoue un peu. Il relève la tête et me regarde d'un air endormi. C'est lorsqu'il s'aperçoit que mon pupitre est débarrassé qu'il semble réalisé que le cours est fini. Il range lentement ses livres et je finis par l'aider, impatiente de quitter cette pièce un peu trop stérile pour moi. Nous sortons de la classe, déjà vide, sous le regard menaçant de notre professeur qui est prêt à fermer la porte – et qui lance un regard plein de reproches à mon meilleur ami. Basile ne remarque rien bien sûr, il est toujours à moitié endormi. Nous nous séparons dans le couloir, nous zigzaguons entre les élèves pour rejoindre nos casiers respectifs. J’y prends mes affaires et je rejoins le blondinet qui m’attend déjà à la sortie du lycée. Je lui souris en m’approchant de lui.

    « — Enfiiiiiin libre, s’exclame Basile en s'étirant et baillant, ça me fatigue les cours !

       — J’ai vu ça en histoire, tu étais épuisé, puis je ris, mais le prof n’a pas eu l’air d’apprécier !

       — Ah, mince… » il se gratte la nuque.

    Je ris et nous commençons à faire la route tous les deux. Je connais Basile depuis très longtemps, nous avons grandi ensemble. Nos mères sont amies, elles ont fait les mêmes études et sont désormais collègues. Nous étions voisins avant, mais mes parents ont déménagé lorsque mon père a obtenu un projet important pour la ville : il est architecte et grâce au père de Basile, il est en charge de la construction d'un nouveau quartier et du réaménagement d'un autre. Mes parents ont eu l'opportunité d'acquérir une toute nouvelle maison, beaucoup plus grande et plus moderne que la précédente, la maison de leurs rêves. Je suis contente pour eux, mais ça m'embête de ne plus avoir mon meilleur ami juste à côté de chez moi… Je m'ennuie parfois sans sa bêtise légendaire. Enfin, c'est la vie et Rebirth n'est pas une ville immense non plus, comparer à celles que l'on peut voir dans nos manuels d'histoire ! Je lève la tête et observe mon meilleur ami. Oui, je dois lever la tête, car il a eu une poussée de croissance phénoménale. Je ne sais plus si je dois le considérer comme un être humain ou un arbre... Il est beaucoup trop grand. Il a vraiment changé, je m'en suis rendu compte hier en retombant sur une photo de nous, lors de notre rentrée au lycée. C'est presque devenu un homme.

    « — Tu es bien silencieuse, quelque chose te tracasse encore ? »

    Je sursaute, j'étais encore perdue dans mes pensées.

    « — Oh rien, j'étais ailleurs, je réfléchissais...

       — Fais gaffe, ton cerveau n'a pas l'habitude, me dit-il en se tournant vers moi, faussement inquiet.

       — Ahah, très drôle, je lui donne un coup de hanche.

       — Et je peux savoir à quoi tu penses ?

       — Bah... Je me disais que tu étais presque devenu un homme maintenant. »

    Il fait une drôle de tête, sûrement surpris parce que je viens de dire. Puis il se tape sur le torse d'un air viril.

    « — Mais je SUIS un homme.

       — Bien sûr, bien sûr… Y'a encore du boulot quand même.

       — N'importe qu…

       — Tu veux une pâtisserie ? je lui demande en lui montrant une boulangerie devant laquelle nous passons.

       — Mais carrément ! » s'exclame-t-il en se dirigeant vers la grande vitrine remplie de sucreries, tout joyeux.

    Oui, j'ai bien dit qu'il y avait encore du boulot. Je soupire en le rejoignant. Mon regard parcourt tous les délicieux gâteaux de la devanture. Ah, il faut choisir... Tout a l'air si bon. Je jette un œil à Basile et il semble être face au même dilemme que moi...  Après quelques minutes de réflexion intense, j'entre dans la petite boutique pour acheter nos pâtisseries. La boulangère m'accueille avec un grand sourire que je lui rends et je passe ma commande. L'odeur dans la boutique est magique... Si ça ne tenait qu'à moi, je prendrais tout... mais je ne suis pas sûre que ma mère soit ravie de me voir arriver les bras chargés de sucreries à la maison. Une fois servie, elle me tend le lecteur afin que j'effectue le paiement. Je pose mon index et attend quelques secondes jusqu'à entendre le petit « bip » qui signale que mon paiement est effectué. Je salue la dame et je sors. Je donne une petite boîte de choux à la crème à mon enfant de cinq ans – Basile – et nous reprenons la route.

     

       J'observe tout ce qu'il y a autour de moi en mangeant mon éclair au chocolat. J'aime bien me balader dans le centre-ville. Il est composé essentiellement de gratte-ciels abritant des bureaux, des commerces et des appartements… ainsi que le siège du gouvernement. La maison de Basile – et mon ancienne maison aussi d'ailleurs – est proche du centre-ville, près d'une zone où certaines maisons ont été rasées, car elles étaient vraiment anciennes. Elles seront remplacées par des nouvelles qui offriront une meilleure technologie aux nouveaux habitants, comme nos chercheurs ne cessent de trouver de nouvelles choses pour améliorer notre existence. C'est d'ailleurs mon père qui travaille sur les plans, c'est une partie de son projet. Il y a aussi le fleuve qui traverse la ville, où j'aime beaucoup me rendre pour me reposer – d'ailleurs, cela a aussi demandé beaucoup de travail à nos ancêtres pour rendre le fleuve non pollué et créer des machines pour rendre l'eau potable. Puis plus on s'éloigne du centre, plus l'on trouve de grandes maisons et ensuite, les champs. Heureusement que les Hommes d'avant la guerre avaient stocké toutes sortes de fruits, légumes, graines… Sinon, à cause de cette guerre, nous aurions perdu tellement de choses. Je ne sais même pas si nos espèces auraient encore pu vivre très longtemps… La structure qui nous protège, le dôme, est vraiment devenue immense, on ne peut même plus la distinguer dans le ciel lorsqu'on se trouve au centre-ville… C'est comme si elle n'était plus là… Pour la voir, on doit se rendre à ses extrémités, là où se trouvent les cultures. On peut voir aussi toutes les machines qui filtrent notre oxygène. Récemment, le dôme a été agrandit. Mon père est donc en charge d’aménager toute la nouvelle zone, autour de Rebirth.

     

       Après quelques instants de silence à cause de ma rêverie – encore une fois – Basile ralentit la cadence.

    « — Dis, tu pourrais m'aider pour le devoir d'histoire à rendre la semaine prochaine ?

       — Hein ? »

    Je me retourne vers lui en ayant un morceau de gâteau à moitié mâché dans la bouche, choquée de l'imaginer en train de travailler.

    « — Le devoir d'histoire. À rendre. La semaine prochaine.

       — Oui, j'avais compris, c'est juste que t'imaginer assis en train d'écrire… c'est bizarre.

       — C'est bon, ça va… ça m'arrive parfois. »

    Je le regarde en faisant les gros yeux. Il soupire et accélère le pas. Je peine à le rattraper. Oui, on n'a pas tous de grandes jambes. Une fois arrivée à sa hauteur, je tire sur sa manche pour qu'il ralentisse.

    « — C'est mignon, on dirait une petite fille. » il rit.

    Il m'ébouriffe les cheveux, ce qui a le don de m'énerver et il le sait parfaitement. Le chou à la crème qu'il dirigeait tranquillement vers sa bouche dérive vers son nez. À cause de ma main. J'imite un rire démoniaque et je continue mon chemin, Basile encore derrière moi, en train d'enlever la crème de son nez en râlant.

     

       Une fois arrivé près de ma maison, mon ami s'arrête. Il est temps pour nous de nous séparer. Depuis mon déménagement, Basile me raccompagne toujours chez moi. Au début, je refusais qu'il fasse tout ce chemin juste pour moi et comme il dit : « on ne sait jamais et tu ne fais pas de karaté ». Enfin, non Basile n'est pas un héros, c'est juste un prétexte pour ne pas rentrer chez lui tout de suite et traîner dehors.

    « — Bon, il prend un air triste, je sais que c'est difficile pour toi de me quitter…

    Il met sa main devant sa bouche et fait mine d'être sur le point de pleurer. Je refuse d'entrer dans son jeu. Quel gamin.

    « — Bien sûr, c'est insoutenable, je réponds d'une voix blasée.

       — Tout à fait. Mais je dois y aller, ma maman m'attend vois-tu.

       — Ok, à lundi alors. »

    Je fais volte-face et je m'en vais. Mais il m'attrape le poignet pour que je lui fasse de nouveau face.

    « — Attends ! Et pour le devoir d'histoire ? »

    Je commence à marcher à reculons.

    « — Tu n'as qu'à arrêter de dormir, tu n'auras plus besoin de mon aide.

       — Mais… » il fait la moue.

    Tête de chien battu ou pas, de toute manière, je l'aurais aidé. On arrive en fin d'année, j'ai peur qu'il ne s'en sorte pas avec les révisions.

    « — Tu veux qu'on se voie quand ? je demande.

       — Dimanche, je peux venir plus tôt, comme ça on… »

    Il se tait et fait une drôle de tête. Je crois que monsieur a dit quelque chose qu'il n'aurait pas dû.

    « — Quoi venir plus tôt dimanche ? »

    Je m'arrête, car je commence à avoir peur de tomber. Et si je tombe, il en a pour au moins un an à rire.

    «Luzie... Tu vas faire comme si tu n'avais riiien entendu, d'accord ?

       — C'est quand même bizarre que tu me parles de dimanche, je fais mine de réfléchir, parce qu'il me semble que c'est justement le jour de mon anniversaire... »

    Il ferme les yeux et soupire en laissant échapper un « je ne suis qu'un idiot ». Je comprends mieux les messes basses de mes parents ces derniers jours. Basile semble déçu d'avoir trop parlé.

    « — Je ferai comme si de rien n'était, ne t'inquiète pas.

       — Oui mais bon... il fait la moue, tes parents vont me tuer.

       — Mais non, mon père ne ferait pas de mal à une mouche, tu le sais bien... »

    Il me regarde d'un air de dire « tu es sûre de toi, là ? ».

    « — Bon, c'est ok pour dimanche matin ? Je ferai des gaufres pour nous motiver. »

    Évoquer la nourriture semble lui remonter le moral. Il approuve notre rendez-vous devoirs-gaufres. Je lui dis au revoir et je me retourne pour rentrer chez moi. Je m'apprête à ouvrir le portillon lorsque j'entends un immense « boum ». Mon cœur fait un bond. Je me retourne pour voir si c'est Basile qui me joue un mauvais tour. Mais non, je le vois s'éloigner, ses écouteurs sûrement dans les oreilles. Puis ça recommence. Je me retourne et je me rends compte que cela vient d'une maison voisine à la mienne, mais qui est encore inhabité pour le moment. J'hésite quelques instants, puis trop curieuse, je me décide à aller voir. Et si c'est Shadow qui s'est encore coincé quelque part ?! Je presse le pas vers la maison et je l'appelle. Je pousse la porte et sans trop comprendre comment, je me retrouve plaqué contre le mur, une main sur la bouche pour m'empêcher de crier.

     

    _________________________________________

     

    Coucou !

    Si vous lisez cela, c'est que vous avez lu tout ce qui se trouve au-dessous, et je vous en remercie ! J'espère que ce second chapitre vous a plu. J'ai peur que vous ne l'aimiez pas, car il est très différent du premier. ^^' Il est beaucoup plus léger. Maiiiiis il faut savoir que la vie et le caractère de Luziana sont différents de Crescent, et c'est l'un des points importants de l'histoire, donc... J'espère que ça vous plaît quand même ! Aussi aussi ! N'hésitez pas à me donner votre avis sur le "cours d'histoire" de Luziana. J'ai beaucoup réfléchi au pourquoi du comment les Hommes ont pu se retrouver dans cette situation. Je veux que cette histoire soit un minimum réaliste donc vos avis concernant cela m’intéresse ! En fonction de vos retours, je retravaillerai peut-être ce chapitre.

     

     

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    Yumi M. ©

     


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